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Jeux paralympiques : Aurélie Aubert, une vie au rythme de la boccia

Un titre olympique tient parfois à rien. Pour encourager Aurélie Aubert à jouer à la boccia, Marie-Pierre Leblanc, manageuse de la performance au sein de l’équipe de France, proposait à la jeune femme quelques morceaux de chocolat « afin de la motiver ». Près de quinze ans plus tard, l’athlète a décroché la première médaille française paralympique de l’histoire de cette discipline, proche de la pétanque et du curling. A 27 ans, la joueuse originaire de Dreux, en Eure-et-Loir, s’est imposée en finale, lundi 2 septembre, face à la Singapourienne Jeralyn Tan Yee Ting (5-4).
Dans une Arena Paris Sud partiellement remplie, le public a célébré sa victoire en improvisant a capella une Marseillaise avant de scander longuement le prénom de la nouvelle championne paralympique. « Je suis très heureuse. Ce titre représente de nombreuses années de travail, a déclaré Aurélie Aubert, émue, un drapeau tricolore sur les épaules. Ce sport est ma passion : je mange boccia, je dors boccia. »
Cette discipline, qui n’a pas d’équivalent chez les valides, est pratiquée par des athlètes en fauteuil roulant. Chaque joueur dispose de six balles rouges ou bleues au début de chaque manche. Le but est de les faire rouler le plus près possible d’une balle blanche appelée « jack », l’équivalent du cochonnet à la pétanque. Chaque balle de même couleur située le plus près du jack rapporte un point. Le vainqueur est celui qui en marque le plus au terme de quatre manches.
Aurélie Aubert, qui évolue en BC1, une catégorie où les joueurs sont atteints de paralysie cérébrale et d’un handicap sévère au niveau des quatre membres, n’était pas favorite. Classée seizième mondiale, la Française s’était lourdement inclinée (1-6) face à la Singapourienne (numéro deux mondiale) lors de la phase de groupe. Elle s’est ensuite hissée en finale grâce à des succès très serrés en quarts et en demi-finales.
Aurélie Aubert a bien commencé sa partie, menant 5-0 au terme des deux premières manches. Puis, elle s’est déconcentrée. Alors que la médaille d’or semblait acquise, l’athlète s’est fait une grosse frayeur. « J’ai commis une erreur, a reconnu la Française. J’ai pensé que mon adversaire n’avait plus de boules alors qu’il lui en restait une. Quand j’ai vu la tête de l’arbitre, je me suis dit, il y a un problème. » « Ce manque de lucidité, probablement dû au stress qui entourait cette finale, aurait pu lui coûter très cher », estime Samuel Pacheco, entraîneur de l’équipe de France.
Introduite aux Jeux paralympiques en 1984, organisés conjointement à New York et à Stoke Mandeville, en Angleterre, la boccia compte 3 600 pratiquants en France, dont 700 en compétition. Aurélie Aubert, qui souffre d’une paralysie cérébrale due à un manque d’oxygène à la naissance, a commencé à l’âge de 13 ans, après sa rencontre avec Claudine Llop, infirmière dans son centre. Cette dernière est aujourd’hui son assistante de jeu. Elle l’accompagne pendant le tournoi paralympique. « Mon rôle est d’être face au terrain, explique-t-elle. Je n’ai pas le droit de parler ni d’influencer Aurélie, mais je peux diriger son fauteuil selon ses instructions. Pendant le lancer, je fais aussi contrepoids sur le fauteuil, car elle prend de l’impulsion… Au quotidien, Aurélie m’apporte autant que je peux lui apporter. »
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